jeudi 25 mars 2010
Mardi 23 Mars, Damien Zumkeller, député UMP du territoire de Belfort, a déposé une proposition visant à réorganiser la prostitution urbaine en France métropolitaine. Contresignée par Christine Boutin, la proposition de loi fait écho au rapport de décembre 2009 déposé au Sénat par la Chambre Belfortaine du Travail, selon lequel “la multiplication des critères de pénibilité” appelle une “régulation urgente et globale” des métiers de la prostitution.
L’une des directives phares de cette proposition serait la “concentration” des lieux de prostitution en “hôtels autogérés”, dépénalisés, et régulés par l’Etat via une faible taxation (15% du bénéfice). Chacun des employés se verrait ainsi salarié et imposé. Outre la cotisation pour la retraite, et des réductions en pharmacie sur les articles visant à améliorer “les conditions de travail”, les salariés seraient intéressés au bénéfice de l’entreprise à proportion de leur investissement. L’intégralité des gains centralisés, les clients pourraient bénéficier des meilleures prestations selon un tarif forfaitaire, (service compris).

Fer de lance dans ce combat pour la réouverture des maisons closes, le territoire de Belfort souffre en effet d’une multiplication inquiétante de crimes sexuels depuis quelques années. Les statistiques publiées en 2008 par le Figaro le mettaient en tête de liste des départements à risque, devant Marne-La Vallée, recensant une augmentation de 82% par an. C’est lors de la Commission ouverte pour faire face à cette situation de crise, présidée par le député Zumkeller, que la proposition de loi a été déposée à l’Assemblée.

La proposition ne fait pas l’unanimité dans les milieux de la prostitution. Pour Nathalie, prostituée à la retraite, “il est important que le travail des filles soit rationalisé. Nous ne pouvons plus faire face à la hausse des demandes et maintenir la qualité des passes. La crise que nous traversons a commencé avec l’advenue des chaînes satellite et de l’Internet, qui ont d’abord polarisé les clients timides, puis les autres. Il faut repenser la prostitution. C’est pourquoi la fusion des concepts de Sex Shop (a emporter) et celle d’hôtel de passe (à consommer sur place) représente la nouvelle niche dans laquelle nous souhaitons investir”. Zora, présidente nationale de la CFDP le rappelle sans ambages, “Nous sommes les moteurs d’une gigantesque industrie qui rapporte des milliards. Nous ne voulons plus être exploitées, la prostitution est une usine que nous pouvons gérer nous-mêmes puisque les moteurs c’est nous !”

Il ne fait aucun doute que les députés ne feront pas obstacle à cette proposition, nuancée de quelques amendements, notamment en ce qui concerne la proximité des écoles, et des lieux de culte. Les sénateurs lui réserveront certainement un accueil moins unanimes, la plupart de ses membres voyant dans la clandestinité et la discrétion de la prostitution son principal atout.

Cassagnac

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