samedi 20 mars 2010

Il y a quelques années encore, trier ses déchets était un loisir de hippie.  Aujourd’hui, ne pas le faire, c’est être soi-même une ordure, un égoïste, et tant qu’on y est, un affameur d’Afrique. Les deux dernières élections en témoignent, une écologie moralisatrice et culpabilisante pénètre tous les jours un peu plus avant dans les consciences. Elle y a aujourd’hui gagné une place de choix. Néanmoins, cette imposante vague verte qui déferle sur l’Europe pour nous prescrire une morale de l’extérieur pose question : nous allons voir qu’à plusieurs titres, l’écologie peut être interprétée comme une idéologie.
Une hérésie

Le pape Benoît XVI n’a pas manqué de le voir dans sa dernière Encyclique. Une écologie humaine doit à ses yeux justifier et borner l’écologie environnementale. Paraphrasant la Genèse, Descartes nous a proclamé « maîtres et possesseurs de la nature », c’est dire que nous en avons aussi la responsabilité dans la mesure où elle a été créée par Dieu pour nous. Si nous n’en sommes plus le centre et la limite, la nature perd de son sens, elle devient un cercle dont le centre est partout et la circonférence, nulle part. Ce décentrement coïncide dans la Deep Ecology à une aspiration panthéiste qui fait de la mort sociale de Dieu l’occasion de dresser un autel à Mère Nature devant lequel nous sommes comme forcés d’être à genoux. Idéologique, l’écologie environnementale nous fait vivre loin de nous-mêmes, elle nous aliène dans ses raisonnements malthusiensqui confinent à l’eugénisme : « la terre est trop peuplée, la race humaine est nuisible à la biodiversité ». Pour témoigner de cette curieuse idéologie à la fois infanticide et naturaliste, la rubrique « droits humains » du site d’Europe Ecologie fait du choix de donner la vie le premier droit fondamental des femmes. Cela se passe de commentaire.

Un bioterrorisme

Idéologique encore, l’écologie se sert d’un fondement irrationnel, le douteux principe de précaution, pour donner un semblant de rationalité à une moralité abstraite qui a pour vocation d’étayer un projet de société qui sous couvert d’humanisme, se révèle humanicide. Pour résumer, l’écologie a favorisé le retour en politique d’un ordre moral hygiéniste et libertaire ; hygiéniste parce ce que ce qui compte c’est le respect compulsif de l’environnement et d’un autrui abstrait ; libertaire parce que dans la sphère privée l’individualisme et le libéralisme sont poussés à leurs extrêmes. Elle a par conséquent permis et renforcé l’application de ce que Foucault appelle joliment un biopouvoir, entendez par là : une politique qui s’inscrit dans le corps du sujet ; les fumeurs le savent et les 220 000 victimes de l’avortement, chaque année, en font radicalement l’expérience.

Une mystification
   
Marx définit l’idéologie comme une superstructure de la société dont elle émane et qu’elle soutient. L’écologie comme idéologie est une vision du monde qui explique et justifie un ordre social existant : s’occuper des phoques, c’est ne pas s’occuper des pauvres. Cette vision du monde est unvoile qui cache la poursuite d’intérêts matériels destinés à étendre le pouvoir d’une classe de privilégiés. Toutes les études le confirment, les bons scores d’Europe Ecologie sont principalement le résultat d’un vote citadin et bourgeois bohême. La subtilité de l’idéologie écologiste est de présenter les intérêts d’une classe privilégiée comme l’intérêt de tous : les ouvriers ne se sont pas laissé prendre. Bref, si le pape nous demande de nous méfier, je crois que ce n’est pas pour rien. Vous l’aurez compris, un spectre hante l’Europe : c’est le spectre d’Europe Ecologie.

Rameau

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